Bon. Alors voilà.
Cette fois je me donne des forces pour écrire avec le « Alors voilà » de Baptiste Beaulieu.
C’est dur en ce moment. Pour beaucoup de monde. Pour tout le monde de manière différente :
-le soignant à l’hôpital
-les familles où règne la violence
-nos aînés qu’on aime et qu’on respecte
-le soignant en ville
-le sans-abri
-les métiers qui continuent de tourner parce qu’ils sont indispensables : pompiers, éboueurs, routiers, métiers du commerce et de la distribution alimentaire, pompes funèbres
-le responsable politique
-le Directeur de structure de soin
-le télé-travailleur avec les enfants à la maison
-le chômage technique
-les solitaires malgré eux
–et cetera
Bref. Tout le monde. Pour tout le monde c’est dur. Alors on s’énerve plus vite, on est agressif plus vite, et plus vite les travers d’une société mondiale sous haute tension prennent le dessus.
Hier je vous écrivais la perte de ma mamie Delphine. Ma mamie Delphine est morte. C’est fini.
J’ai écrit avec la sincérité de ma colère. Je me suis cachée derrière des mots hautement symboliques de Boris Vian : « j’irai cracher sur vos tombes ». Pour ceux qui ne connaissent pas Boris Vian, je vous conseille la lecture de L’écume des jours. Pour ceux qui n’aiment pas lire, il y a le film, avec Romain Duris.
On en est à un tel stade de nervosité sociale qu’une poignée d’irréductibles gaulois, probablement mue par l’effet Dunning-Kruger, l’antithèse du syndrome de l’imposteur, a jugé bon de m’écrire pour me dire que c’était honteux scandaleux ignominieux d’oser dire qu’on allait cracher sur des tombes. Alors oui probablement. Mais prenons un peu de recul. Moi qui n’aimait pas trop la formule classique des « sincères condoléances », cette fois j’aurais bien aimé la recevoir en lieu et place du schéma suivant :
– je dis que je suis triste parce que ma mamie est morte
– je suis en colère alors j’écris avec des mots durs
– des humains se disent qu’ils vont m’écrire pour me donner avant tout des leçons de bonne conduite
C’est vrai que dans mon blog y a de tout. De la colère de l’humour du très sérieux. Ce n’est pas évident pour le lecteur de savoir comment lire des écrits qui parfois nécessitent d’être étudiés avant d’être banalement intégrés. Mais c’est mon blog ; c’est ma liberté d’expression.
Que les nerveux se remettent en question, si c’est possible, comme je le fais en permanence.
Il n’y a pas le bien d’un côté le mal de l’autre.
Il n’y a pas le vrai d’un côté le faux de l’autre.
Il n’y a pas les bons d’un côté les mauvais de l’autre.
Il n’y a pas le gentil d’un côté le méchant de l’autre.
Il n’y a pas le juge d’un côté le coupable de l’autre.
Il n’y a pas le sauveur d’un côté le tueur de l’autre.
Il n’y a pas le responsable d’un côté l’irresponsable de l’autre.
et cetera
Je terminerais par du discours rapporté de paroles récentes du Docteur Tedros, le Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé, et aussi l’homme savant loyal droit respectable :
nous avons un ennemi commun, c’est uniquement ensemble que nous vaincrons.
Uniquement ENSEMBLE.
Merci.