Bon. On est en janvier 2019. Les fêtes sont passées, péniblement comme l’an dernier, et c’est le moment des vœux pour la nouvelle année. Les gens sont de bonne humeur, gentils, plein de bonnes résolutions. Ils se disent par exemple : en 2019, je vais lire des blogs de patients.
Du coup ils tombent par exemple sur ce blog. Le dernier article date de début octobre 2018. Ouh là, elle n’est pas du tout à jour celle-là, on passe. Nous ce qu’on veut c’est du récent, du mis à jour bien croustillant, pas des vieux trucs de 2018 ou pire 2017, années bien enterrées. Attends la meuf a commencé son blog en 2017, et en 2018 elle écrit déjà plus, c’est ça la génération Y, on zappe on passe on se désintéresse.
En fait, j’ai écrit 3-4 articles que je voulais vous mettre sous la dent, depuis octobre dernier. 3-4 brouillons qui sont là, tous chauds frais et dispos. Mais y a comme un problème, ils sonnent faux. En fait, ils se répètent trop. À mon grand désespoir, je me rendais compte que je racontais ça, alors que je l’avais déjà raconté là, que je racontais ci, alors que je l’avais raconté li, et ça m’a carrément déçue de radoter, alors je me suis autocensurée.
On m’a répondu, mais c’est comme ça, les gens ont besoin qu’on leur répète les choses.
Hum.
On m’a dit, mais tant pis, écris des petits trucs plus courts, juste pour fidéliser.
Et je me suis redis hum.
On m’a déroulé « tu nous manques tu étais drôle, et puis c’était thérapeutique pour toi d’écrire » et là je me suis dit fuck.
Alors oui clairement le but c’était d’être drôle. Mais le but c’était aussi de ne pas oublier le fond. Voire même de changer certains comportements peut-être. Bref en tout cas pas me répéter à en devenir lourde. Ou pas de jouer au clown qui se satisferait d’attirer l’attention.
J’ai l’impression que ces derniers temps, je suis devenue une « blogueuse santé », à l’instar d’une « blogueuse mode » – tout mon respect pour les blogueuses mode. On a voulu ma tête à la télé, ma voix à la radio, ma plume en partenariat. On a atteint une belle starification pleine d’artifices dignes de la génération Z.
On a oublié que y avait une grosse méchante derrière tout ça, une maladie qui continuait de se faire plaisir à me ronger lentement. On a cru que parallèlement à l’ascension du nombre de followers, on allait vers la guérison. Le fameux « effet thérapeutique de l’écriture » ? Ben on a tout mélangé les gars.
Donc voilà, probablement Docteure Manon se retire pour 2019, enterrant ce blog qui n’intéressera désormais que ceux qui dépoussièrent les livres avant de les ouvrir.
Elle vous souhaite plus sincèrement que jamais, une nouvelle année belle, saine, heureuse. Elle continuera sa petite vie de malade, de douleur et de fatigue, autant que d’humour et de moquerie dans son coin comme avant. Elle écrit aussi, mais sur d’autres sujets, ailleurs, autrement, pas pareille. Et secrètement dans son autre vie, elle espère vous retrouver, lecteurs tant aimés.
Toutes les bonnes choses ont une fin. les mauvaises aussi. Ainsi va la vie.