Le fantasme réalisé

Bon. J’ai réalisé un fantasme aujourd’hui. On a tous une liste de fantasmes, pas forcément sexuels. Ce sont des sortes de petits rêves, plus ou moins accessibles.

Dans le tout premier article de ce blog, je vous disais qu’à force d’être malade, d’en apprendre sur la maladie, d’expérimenter les hôpitaux, il m’avait pris l’envie d’être médecin. En particulier j’aurais voulu être radiologue. Pour plein de raisons. Parce que bien souvent le diagnostic c’est eux. Parce qu’ils ont des yeux que personne n’a. Parce qu’ils sont capables de voir des choses que personne n’arrive à voir. Et aussi parce qu’accessoirement je suis déjà un peu radiologue, de par ma formation de physico-chimiste. Les physico-chimistes observent la matière avec tout un tas de méthodes dont le principe est le même que pour l’échographie, la radiographie, le scanner, l’IRM.

On m’a déjà dit : « Ah ouais mais si tu veux être radiologue, c’est que tu ne veux pas vraiment être médecin ». Sous-entendu : « Le vrai médecin est un médecin clinicien » = celui qui voit vraiment les patients. Y a une idée comme quoi le radiologue est un type associable enfermé dans une caverne sombre (souvent les salles d’imagerie sont aux sous-sols à cause du poids des machines) avec des vitres blanches pâles, aussi pâles que les corps des radiologues qui donc ne sortent jamais de la caverne. Un vieux sage savant décrépi qui ne veut plus voir des malades mais des maladies, parce que d’un côté le malade le dégoûte, d’un autre la maladie l’excite.

Je trouve que cette image qu’on prête au radiologue n’est pas vraie. Enfin pas vraie pour tous. Un bon radiologue parle. Il demande avant ce qui ne va pas, il explique après ce qu’il a vu, ce qu’il n’a pas vu, les conséquences que ça a, la conduite à tenir. Et même il sourit. Il est optimiste. Un bon radiologue est radieux.

Voilà. Aujourd’hui je venais pour une IRM avec une radiologue vraiment radieuse. Et dans le petit boxe où on se déshabille avant, quelle n’a pas été ma surprise quand, à la place de la blouse habituelle en tissu-papier bleu foncé, j’ai trouvé une belle blouse blanche en tissu épais, toute propre et bien pliée, pour moi. Blouse blanche avec écrit sur la poitrine « Imagerie médicale ». C’était la même blouse blanche que celle du médecin radiologue. J’étais le médecin. J’ai porté la blouse fièrement, depuis mon boxe mal éclairé jusque dans la grotte de l’IRM. J’ai été calme en me regardant faire l’examen. J’ai fermé les yeux et j’ai vu toutes les images que le radiologue voyait. J’ai imaginé le diagnostic. J’ai fait des pronostics.

Je me suis comportée en vraie bonne radiologue. J’aurais voulu ne jamais enlever cette blouse. J’ai fait un sourire radieux en partant.

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