Bon. Un jour un lecteur m’a demandé pourquoi le sous-titre du site « Mémoires d’une jeune patiente rangée ». J’ai lu Simone de Beauvoir, ses Mémoires d’une jeune fille rangée, et je me suis un peu ennuyée. Peut-être qu’elle était trop rangée. Mais j’aurais voulu coucher avec Sartre – tellement j’admire ce qu’il a écrit – donc être Simone, voilà.
En fait mon sous-titre ça aurait plutôt dû être « Les Confessions » à la Rousseau, tellement je confesse des sales choses. Pas aussi sales que Rousseau heureusement. D’ailleurs c’est pas ennuyeux du tout Rousseau, allez-y si vous êtes encore jamais allés voir.
Pour en revenir à Simone, quand même, je pense que je suis « rangée ». C’est dur le passage : pas malade -> malade. Il faut beaucoup de temps. Gérer beaucoup de colère. Savoir où la ranger. Pour peut-être après, se ranger. Mon ancien pneumologue (je vous donne son vrai nom parce que c’est drôle et qu’il ne m’en voudrait pas je crois et qu’il s’en fiche parce qu’il profite de sa retraire maintenant sur son voilier à faire le tour du monde : « Lacronique ») m’a dit une fois en consult’ : « Un jour vous irez mieux quand vous aurez trouvé la sérénité« . Je lui avais demandé ce que c’était, la sérénité. Il m’avait dit qu’il ne savait pas. Pourtant il avait de la bouteille. Donc j’ai gardé cette petite phrase en tête. Et une autre fois, plus tard, il m’a écrit, et il a fait sonner la trilogie : « patience, compliance, résilience« . Cherchez « résilience » sur Google et lisez plein de trucs. C’est un concept aussi complexe que la cristallisation de Stendhal je crois, c’est un truc que vous comprenez mieux tout au long de votre vie. C’est probablement comme ça qu’on atteint la sérénité : par la résilience. Et donc pour ça, commencer par un peu de rangement doit être pas mal.
Je suis bien Simone.